Les malentendus

En classe, des malentendus scolaires peuvent se co-construire entre l’enseignant et certains élèves. Ces malentendus peuvent conduire à manquer l’objectif d’apprentissage, même lorsqu’il est correctement identifié par l’enseignant. 

En effet, il arrive que des élèves n’identifient pas le savoir visé à travers les différentes tâches à réaliser. Ils se concentrent sur leurs exécutions, leurs applications et pensent ainsi rencontrer les attentes de l’enseignant ; ce qui contraste avec l’attitude d’autres élèves, plus familiers des attendus scolaires, qui perçoivent le résultat attendu comme la finalisation d’un processus d’apprentissage. 

Ce malentendu existe des deux côtés : pour l’enseignant, l’objectif d’apprentissage peut aller de soi. D’autant plus que la réalisation par les élèves de la tâche demandée semble également indiquer qu’ils réalisent le cheminement cognitif voulu ; ce n’est pourtant pas le cas de tous les élèves.

À ce sujet, on pourra lire Comprendre l’échec scolaire de Stéphane Bonnéry (2007). 

Ici l’objectif de l’activité est d’identifier l’objet qui est, soit le plus chaud, soit le plus froid. Le malentendu présenté a été repéré à travers les interventions des élèves durant la réalisation en individuel de l’activité.

Un élève demande « qu’est-ce qu’il y a dans le verre?  » L’enseignant répond « peu importe » et l’élève répond « ben madame si parce que on dirait que y’a rien dans le verre ».  L’élève ne répondra pas à cette partie de l’activité. 

L’élève cherche à comprendre ce qu’il doit imaginer dans le verre. L’habillage de la tâche le bloque dans l’exécution de la tâche. Les verres, les igloos, les maisons et les bols ne sont pas nécessaires à la tâche, ils décorent l’activité. L’élève n’a pas saisi l’enjeu de l’activité.  L’enseignant quant à elle répond de manière brève parce que l’objectif, qu’elle a préalablement cité, lui semble évident et connu.  « Peu importe« , c’est donc une manière brève pour elle de recentrer l’élève sur ce qu’il doit chercher. Cependant, cette réponse ne va pas suffire à l’élève qui ne comprend pas pourquoi il devrait mesurer la température d’un verre vide. 

Une autre élève demande “mais madame, comment on sait lequel est plus chaud ? [à propos de la maison]. Cette élève ne perçoit pas l’importance et le rôle du thermomètre pour cette activité. Le malentendu porte ici sur l’instrument de mesure et son utilisation. Pourtant, cette élève avait réussi à relever la température dans la cour la semaine précédente mais elle ne fait pas le lien entre l’activité qu’elle a vécue et une application par exercice. Ainsi, la réalisation antérieure (dans la cour) de la tâche semblait indiquer à l’enseignant que l’élève avait accédé aux savoirs visés. 

Que peut-on faire contre les malentendus ? 

Contre les malentendus scolaires, on peut réfléchir à priori sur les activités proposées aux élèves. Par exemple, l’habillage excessif de certaines tâches peut détourner certains élèves des objectifs d’apprentissages. Mais il est illusoire de vouloir supprimer tous les malentendus scolaires. On peut en revanche privilégier une posture de vigilance !

  • apprenons à repérer les malentendus ; c’est par la méconnaissance de ce mécanisme que les malentendus perdurent.
  • parlons aux élèves avant que les malentendus ne surviennent, par exemple, en leur demandant systématiquement pourquoi on réalise telle ou telle activité ; que cherchons-nous à apprendre en faisant cela ? 
  • parlons aux élèves chez qui on pense repérer un malentendu ; questionnons-les sur le pourquoi de ces activités ;
  • avec toute la classe, nommons ce que l’on vient d’apprendre, les savoirs en jeu, à la suite des activités réalisées ; en quoi avons-nous changé notre manière de voir ?